Le régime végétarien qui a boosté Messi : mythe ou réalité ?
Lionel Messi. Un nom qui résonne comme une légende vivante dans le monde du football. Pourtant, derrière les dribbles magiques et les statistiques affolantes, se cache un chapitre moins connu : celui d’un homme dont la carrière aurait pu s’écrouler... à cause de son alimentation.
Entre 2005 et 2011, Messi enchaîne les blessures, les absences prolongées et les épisodes mystérieux de vomissements avant les matchs. Un corps en souffrance, un esprit sous tension. Ce n’est qu’en 2013 que l’Argentin opère un changement radical : fini les sodas, le bife de lomo et le sucre à outrance. Place à une alimentation majoritairement végétale, avec maintien ponctuel de poissons et protéines animales maigres.
Derrière cette transformation, un homme : Giuliano Poser, nutritionniste italien adepte d’une approche holistique. Ensemble, ils vont écrire l’histoire du septuple Ballon d’or.
Corps en cristal, génie en péril (2005-2011)
🍟 Sodas, gâteaux et viandes grasses : l’ennemi était dans l’assiette
Entre 2005 et 2011, Lionel Messi est déjà perçu comme un prodige. Mais derrière l’aura du numéro 10 du Barça, la réalité est bien plus fragile : en six saisons, il accumule 11 blessures musculaires majeures et **plus de 230 jours d’absence **sur la période 2005-2008, soit ses trois premières saisons professionnelles. À ce rythme, sa carrière aurait pu tourner court.
Les blessures les plus marquantes parlent d’elles-mêmes :
- Mars 2006 : déchirure musculaire à la cuisse droite lors du match retour contre Chelsea en Ligue des Champions
- Novembre 2006 : fracture du cinquième métatarse du pied gauche, entraînant une indisponibilité d’environ 3 mois
- 2007-2008 : récidives aux ischios, chaque fois plus inquiétantes
À ces pépins s’ajoutent des épisodes étranges de vomissements avant les matchs clés. Phénomène physique ou manifestation du stress ? Les spécialistes s’interrogent, mais tous pointent une cause récurrente : une alimentation désastreuse pour un athlète d’élite.
Messi lui-même l’admettra plus tard :
« Je mangeais mal pendant des années. À 22-23 ans, je buvais des sodas, je mangeais des sucreries, du chocolat... et bien sûr, beaucoup de viande rouge. »
Comme tout bon Argentin, le bife de lomo figurait en bonne place dans son régime — mais ce délice national n’est pas l’allié idéal pour un corps aussi explosif.
💥 Un sprinter piégé dans un match de 90 minutes
Le docteur Lluis Til, qui le suit alors au Barça, évoque un paradoxe physiologique :
« Il a la musculature d’un sprinter. Des muscles épais, puissants, mais qui cicatrisent plus lentement. »
En clair, Messi est un moteur de Formule 1 avec un carburant de mauvaise qualité. Et cette contradiction structurelle menace à tout moment de le faire exploser en plein match.
La période 2005-2011 représente une zone rouge pour l’Argentin : chaque sprint peut être le dernier, chaque dribble une rechute. La gloire semble à portée... mais son corps, lui, vacille.
🇮🇹 La révolution Poser
🩺 Giuliano Poser, le médecin discret qui a changé la donne
Nous sommes en 2014. L’Argentine vient de s’incliner en finale de la Coupe du monde face à l’Allemagne. Une défaite amère, un tournant dans la carrière de Lionel Messi. C’est à ce moment précis que le destin l’amène à Giuliano Poser, un médecin italien spécialisé en kinésiologie sportive, discret mais redoutablement efficace.
Recommandé par Martin Demichelis, Poser consulte dans un petit cabinet à Sacile, au nord de l’Italie. Il n’a rien du gourou médiatique : sa méthode repose sur une approche holistique, où le corps, l’émotion et l’alimentation sont intimement liés. Poser ne cherche pas à soigner Messi par des pilules ou des miracles, mais par un rééquilibrage en profondeur de son hygiène de vie.
« Messi a eu l’intuition et l’humilité de faire différemment », dira plus tard le médecin. Une phrase clé dans l’histoire de cette métamorphose.
🥦 Une assiette repensée : les 5 piliers de la nouvelle alimentation
Loin des régimes rigides ou des tendances éphémères, le protocole de Giuliano Poser s’appuie sur cinq fondations alimentaires, toutes issues de produits naturels, biologiques et peu transformés :
- L’eau : pour éliminer les toxines et hydrater en profondeur
- L’huile d’olive extra vierge : source de lipides sains et anti-inflammatoires
- Les céréales complètes : carburant durable pour l’effort prolongé
- Les fruits frais bio : vitamines et antioxydants en abondance
- Les légumes de saison non contaminés : pour renforcer les défenses naturelles
❌ Ce qu’il faut bannir pour mieux performer
Mais le travail de Poser ne se limite pas à introduire de bons aliments : il impose également une suppression stricte de certains produits, jugés nocifs pour le métabolisme d’un athlète de haut niveau :
- Le sucre raffiné : destructeur pour les fibres musculaires
- La viande rouge en excès : lente à digérer et pro-inflammatoire
- La farine blanche : peu nutritive, souvent contaminée
- Les boissons gazeuses : remplacées par le traditionnel Yerba Maté, stimulant naturel
- Les plats industriels : bannis au profit d’une alimentation brute et contrôlée
🧬 Une transition mesurée, pas une conversion brutale
Contrairement à l’idée reçue, Messi n’est pas devenu vegan du jour au lendemain. Sa transformation vers une alimentation majoritairement végétale s’est faite progressivement, accompagnée par des compléments adaptés :
- Shakes protéinés végétaux (jusqu’à trois par jour)
- Multivitamines
- Yerba Maté pour l’énergie et la concentration
L’objectif n’était pas idéologique, mais purement fonctionnel : permettre à Messi de durer, de récupérer plus vite, et de minimiser les blessures.
⚡ Le Messi version 2.0
📉 Adieu vomissements, bonjour records
Dès la saison 2014-2015, les résultats sont spectaculaires. Le Messi fragile d’hier laisse place à une version affûtée, constante, dominante. En moins de deux ans de régime encadré, il :
- perd entre 3 et 3,5 kg,
- a drastiquement réduit ses épisodes de vomissements,
- réduit drastiquement ses blessures musculaires.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : il dispute 12 matchs de plus que la saison précédente, inscrit 58 buts toutes compétitions confondues et contribue au triplé historique du FC Barcelone (Liga, Coupe du Roi, Ligue des Champions).
Ce n’est pas seulement une renaissance physique. C’est une reprogrammation métabolique qui change son jeu, sa récupération et sa longévité.
🛡️ Une récupération express, un corps régénéré
L’impact le plus visible concerne sa capacité à récupérer entre les matchs. Là où Messi accusait autrefois le coup physiquement, il enchaîne désormais les rencontres avec une fraîcheur étonnante. Il dort mieux, récupère plus vite et enchaîne les sprints sans rechute.
Entre 2006 et 2008, Messi avait cumulé 230 jours d’absence. Avec la mise en place de son nouveau régime, cette statistique tombe à 73 jours entre 2008 et 2014, malgré un volume de matchs bien plus élevé. Et après 2015, les blessures sérieuses deviennent quasiment anecdotiques.
On ne parle plus d’un joueur à ménager, mais d’un marathonien du football de haut niveau.
Ce Messi-là n’est plus seulement un magicien du ballon. Il devient un athlète complet, capable de maintenir un niveau d’excellence... sur la durée.
🔬 Les preuves sont là : pourquoi le végétarisme dope les performances
🧯 Moins d’inflammation, plus de récupération
Les régimes végétariens sont riches en antioxydants (vitamines C, E, polyphénols), présents dans les fruits et légumes. Ces composés réduisent l’inflammation chronique liée à l’effort répété. Résultat :
- moins de douleurs musculaires post-entraînement,
- réduction des blessures chroniques,
- récupération accélérée après les matchs.
Une étude publiée par l’American Journal of Clinical Nutrition indique une corrélation entre les régimes végétariens et une réduction des marqueurs inflammatoires chez les sportifs, mais les résultats peuvent varier selon le profil et l’intensité de l’effort.
❤️ Une santé cardiovasculaire en béton
Un cœur performant est le moteur du footballeur. Et là encore, le végétarisme fait la différence :
- baisse du cholestérol LDL,
- amélioration de la circulation sanguine,
- diminution de la pression artérielle.
Tous ces facteurs améliorent la distribution de l’oxygène dans les muscles, renforcent l’endurance et permettent de maintenir un effort soutenu durant 90 minutes, voire plus.
🌀 Une digestion optimisée pour un corps plus léger
Grâce à leur teneur élevée en fibres alimentaires, les légumes, fruits et céréales complètes facilitent la digestion, évitent les ballonnements et stabilisent la glycémie. Cela se traduit par :
- un confort digestif en match,
- un poids corporel maîtrisé,
- moins de fatigue liée aux pics glycémiques.
Ce point est particulièrement important pour les footballeurs sujets à des troubles gastriques ou à des lourdeurs avant match, comme c’était le cas de Messi.
⚡ Une énergie stable, sans crash
Contrairement aux sucres simples qui provoquent des « coups de pompe », les glucides complexes (légumineuses, riz brun, céréales complètes) offrent une énergie constante. Cela permet de :
- mieux gérer les efforts prolongés,
- éviter les chutes de régime en seconde période,
- maintenir la concentration mentale jusqu’au coup de sifflet final.
🛌 Récupération nocturne et renforcement musculaire
Enfin, les protéines végétales (pois, chanvre, riz) associées à des nutriments comme le magnésium ou la vitamine B6 participent à une meilleure régénération des tissus. Couplé à une bonne hygiène de sommeil, cela favorise :
- une réparation musculaire rapide,
- une réduction du stress oxydatif,
- un sommeil plus profond et plus réparateur.
🌍 L’effet Messi : quand la planète foot se met au vert
🌱 Une vague d’imitateurs chez les pros
Le changement opéré par Lionel Messi n’est pas passé inaperçu dans le vestiaire. À commencer par son coéquipier et ami Sergio Agüero, qui l’a suivi dans cette transformation alimentaire. En arrêtant viande rouge et produits laitiers, l’attaquant argentin a constaté une amélioration significative de sa récupération et de sa vivacité.
D’autres footballeurs se sont lancés dans la foulée :
- Héctor Bellerín, arrière d’Arsenal, est devenu végan convaincu dès 2016.
- Jermain Defoe, ex-international anglais, a adopté une diète végétale par souci de longévité.
- Chris Smalling, Phil Neville ou encore Fabian Delph ont également franchi le pas.
Le message est clair : les meilleurs cherchent des solutions pour durer... et l’assiette est devenue une arme stratégique.
⚽ Forest Green Rovers : un club 100% végétal, 100% performant
Le cas le plus emblématique de cette révolution alimentaire à l’échelle collective est celui du Forest Green Rovers, modeste club anglais devenu en 2015 le premier club à adopter une alimentation 100% végétalienne pour ses joueurs et supporters. Il a reçu la certification officielle de The Vegan Society en 2017.
Sous l’impulsion de son président écologiste Dale Vince, le club a transformé son fonctionnement :
- Cantine et buvette 100 % végétaliennes
- Pelouse sans pesticide
- Électricité verte produite localement
- Bus d’équipe alimenté à l’huile végétale recyclée
Résultat ? Des montées en division supérieure, une récupération optimisée, et une identité unique respectée par les instances du football, jusqu’à la FIFA.
🎬 “The Game Changers” : le documentaire qui a changé les mentalités
Produit par James Cameron et soutenu par des figures comme Lewis Hamilton et Arnold Schwarzenegger, le film documentaire The Game Changers (2019) a eu un impact retentissant. Il montre, preuves scientifiques et témoignages à l’appui, que l’alimentation végétale améliore les performances athlétiques, sans compromis.
Le documentaire met en avant des figures sportives majeures comme :
- Patrik Baboumian, titre d'homme le plus fort d’Allemagne
- Dotsie Bausch, cycliste olympique
- Scott Jurek, ultra-marathonien
« Je suis plus fort depuis que je ne mange plus de viande », affirme Baboumian dans une scène devenue virale.
Messi a, bien malgré lui, lancé une nouvelle ère dans le sport professionnel.
🧪 Gagner sans viande ? Oui... mais pas à l’aveugle
🧬 Le végétarisme n’est pas une potion magique
Aussi efficaces soient les résultats observés chez Messi ou d’autres pros, il serait trompeur de présenter l’alimentation végétale comme une solution miracle. Pour un footballeur de haut niveau, ce type de régime exige une planification rigoureuse et un suivi individualisé.
Les apports doivent être ajustés aux charges d’entraînement, à la position de jeu, au métabolisme du joueur. Un milieu relayeur ne brûle pas les mêmes calories qu’un gardien ou un ailier explosif.
🔍 Les nutriments à surveiller de près
Un régime végétarien peut exposer les footballeurs à certaines carences nutritionnelles s’il est mal construit. Voici les éléments à surveiller :
- Protéines : les besoins se situent entre 1,4 et 1,7 g/kg de poids corporel pour maintenir la masse musculaire. Sources recommandées : légumineuses (lentilles, pois chiches), tofu, tempeh, graines (chanvre, tournesol) et shakes végétaux enrichis
- Vitamine B12 : absente des végétaux, sa supplementation est indispensable, surtout chez les végétaliens.
- Fer : présent dans les végétaux mais moins bien absorbé. Associer les aliments riches en fer à des sources de vitamine C (citron, kiwi) pour améliorer l’assimilation.
- Zinc, oméga-3, iode : peuvent être déficitaires selon les habitudes alimentaires.
🩺 Le rôle du suivi médical
Pour éviter les pièges et personnaliser les apports, un accompagnement professionnel est vivement conseillé. Les nutritionnistes du sport proposent généralement :
- des bilans sanguins réguliers
- un contrôle de la composition corporelle
- une planification des repas autour des matchs
- un ajustement des compléments alimentaires
Le végétarisme peut être un levier de performance... à condition d’être stratégique, structuré et médicalement encadré.
En repensant son alimentation sous l’impulsion du Dr Giuliano Poser, Messi a amélioré sa condition physique. Combiné à un meilleur encadrement médical, une hygiène de vie optimisée et une maturité sportive, ce changement alimentaire a contribué à prolonger sa carrière, à réduire les blessures et à maintenir un haut niveau de performance.
Mieux encore, il a ouvert la voie à une nouvelle génération de footballeurs soucieux de leur santé, de leur longévité… et de leur planète. Car cette tendance s’accompagne aussi d’une réflexion écologique, comme le montre l’exemple des Forest Green Rovers.
Le végétarisme dans le football n’est plus un tabou. Il est devenu un outil stratégique, validé par la science, testé par l’élite, et désormais accessible à tous — à condition de l’adopter avec intelligence, rigueur et accompagnement.
Si le talent est inné, la longévité, elle, se construit... parfois avec une simple fourchette.