Pass’Sport 2025 : une aide boostée mais recentrée sur les ados
Depuis sa mise en place en 2021, le Pass’Sport est devenu un levier essentiel pour encourager la pratique sportive des jeunes en France. Conçu comme une aide directe aux familles, ce dispositif permet de réduire les obstacles financiers à l’inscription dans un club, une association ou une structure sportive. Pour la saison 2025-2026, le gouvernement a choisi de le reconduire, tout en procédant à des ajustements majeurs dans son périmètre et son montant.
Avec une dotation revalorisée à 70 euros mais un recentrage marqué sur la tranche d’âge des 14-17 ans, le Pass’Sport nouvelle version suscite autant d’attentes que de critiques. Quels sont les changements concrets apportés au dispositif ? Quelles seront les répercussions pour les clubs de football amateur et les jeunes joueurs, notamment les plus jeunes ?
Une aide réaffirmée pour favoriser l’accès au sport
Le principe du Pass’Sport
Le Pass’Sport est une aide financière forfaitaire, versée sous forme de déduction immédiate lors de l’inscription dans une structure sportive. Créé par le ministère des Sports, il vise à réduire les barrières économiques qui freinent l’accès à la pratique régulière, en particulier pour les jeunes issus de milieux modestes.
Pour la saison 2025-2026, le montant de l’aide passe de 50 à 70 euros par bénéficiaire. Cette revalorisation, saluée par de nombreux acteurs du sport amateur, a pour objectif de compenser l’augmentation des coûts d’inscription constatée ces dernières années dans les clubs.
Les objectifs poursuivis 🎯
Le Pass’Sport poursuit plusieurs finalités claires :
- Favoriser la pratique sportive régulière dès l’adolescence, une période charnière marquée par un risque accru de sédentarité.
- Soutenir les structures sportives locales, souvent confrontées à des baisses de fréquentation et à des contraintes budgétaires.
- Alléger la charge financière pour les familles, notamment dans les territoires les plus fragiles socialement.
Ce dispositif s’inscrit ainsi dans une logique de santé publique, d’inclusion sociale et de dynamisation du tissu associatif local.
Nouveautés pour la saison 2025-2026
Recentrage de l’éligibilité
L’évolution la plus marquante du Pass’Sport pour 2025-2026 concerne le public éligible. Jusqu’à présent accessible à l’ensemble des jeunes de 6 à 17 ans bénéficiant de l’Allocation de rentrée scolaire (ARS), le dispositif est désormais limité aux 14-17 ans révolus. Cette décision, prise par le ministère des Sports, s’appuie sur des données de la Cour des Comptes qui constate une chute significative de la pratique sportive à partir de l’adolescence.
Le Pass’Sport reste toutefois accessible à d’autres publics :
- Jeunes en situation de handicap : de 6 à 19 ans révolus avec l’AEEH (Allocation d’éducation de l’enfant handicapé) et de 16 à 30 ans révolus avec l’AAH (Allocation adulte handicapé)
- Étudiants boursiers et bénéficiaires d’une aide annuelle du CROUS de moins de 28 ans
En revanche, les enfants de moins de 14 ans, même s’ils sont bénéficiaires de l’ARS, ne pourront plus bénéficier de l’aide, ce qui soulève des inquiétudes dans les milieux associatifs.
Modalités inchangées pour les structures sportives
Le fonctionnement du dispositif reste simple : les bénéficiaires recevront un code unique par email dans la seconde quinzaine d’août. Ce code, délivré automatiquement par les organismes sociaux (CAF, MSA, CROUS), devra être présenté lors de l’inscription dans une structure sportive éligible, entre le 1er septembre et le 31 décembre 2025.
Le Pass’Sport est utilisable auprès de :
- clubs affiliés à une fédération agréée
- associations agréées Jeunesse Éducation Populaire (JEP) ou Sport
- structures de loisirs sportifs marchands (salles de sport, escalade, etc.)
Un ciblage stratégique… mais évidemment discuté
Justification du gouvernement
Le recentrage du Pass’Sport sur les 14-17 ans s’appuie sur un constat statistique préoccupant : à cet âge, près d’un adolescent sur cinq décroche de toute pratique sportive régulière. C’est souvent à l’entrée au collège que l’activité physique est mise de côté, sous l’effet combiné de la pression scolaire, des transformations sociales et parfois d’un manque de motivation ou de moyens financiers.
En concentrant les ressources sur cette tranche d’âge, le ministère des Sports affirme vouloir renforcer l’effet incitatif de l’aide, en ciblant précisément le moment où les jeunes risquent d’abandonner le sport. Cette logique vise aussi à optimiser les moyens publics, en maximisant l’impact de l’aide là où elle serait le plus utile sur le plan sanitaire et éducatif.
Inquiétudes du terrain
Cette stratégie suscite pourtant de nombreuses réserves chez les acteurs de terrain. Plusieurs collectivités, associations et représentants de clubs regrettent que les plus jeunes bénéficiaires de l’ARS (6-13 ans) soient désormais exclus.
Dans de nombreux territoires — notamment les quartiers prioritaires ou les zones rurales — cette tranche d’âge représente un vivier important pour les écoles de football.
L’Association des Maires de France (AMF) a notamment alerté sur les risques d’un tel recentrage, craignant une baisse des inscriptions et un accès au sport rendu plus difficile pour les familles les plus modestes.
Enjeux pour les clubs amateurs et les jeunes footballeurs
Impact attendu sur les inscriptions
Dans les clubs de football amateur, l’effet du Pass’Sport est tangible : il constitue un levier de recrutement, notamment dans les catégories de jeunes. La revalorisation à 70 euros pourrait booster les inscriptions chez les adolescents, particulièrement dans les catégories U15 à U18, qui correspondent à la tranche ciblée des 14-17 ans.
Mais la suppression de l’aide pour les moins de 14 ans pose problème : les clubs risquent de voir diminuer les inscriptions en U7, U9 et U11, soit le cœur des écoles de football. Or, ces catégories sont très importantes pour l’ancrage des jeunes dans la pratique, la détection précoce et la structuration à long terme des effectifs.
Quelle adaptation des clubs ?
Face à cette situation, certains clubs envisagent des mesures compensatoires, comme des facilités de paiement, des aides internes ou des partenariats avec les collectivités locales.
D’autres misent sur la communication : mettre en avant la gratuité des premières séances, offrir un kit d’accueil ou organiser des journées portes ouvertes pour les jeunes non éligibles au Pass’Sport.
Les éducateurs, quant à eux, devront redoubler d’efforts pour maintenir l’attractivité des structures et conserver un lien avec les familles, même en l’absence de soutien financier extérieur.
Reconduit pour la saison 2025-2026, le Pass’Sport s’impose comme un outil structurant de la politique sportive en direction des jeunes. L’augmentation de son montant à 70 euros marque une volonté forte de soutenir les familles face à la hausse des coûts, tout en ciblant plus finement les publics à risque de décrochage.
Mais ce recentrage, en excluant les enfants de moins de 14 ans, soulève des interrogations. Il pourrait fragiliser l’entrée dans le sport dès le plus jeune âge, alors que cette période est décisive pour développer des habitudes durables.
Pour les clubs amateurs, notamment de football, le défi sera de rééquilibrer les dynamiques d’inscription, d’accompagner les familles dans la transition, et de rester attractifs malgré une aide désormais plus sélective.