Pass Sport : un soutien bienvenu mais limité pour les jeunes

Le Pass Sport est un dispositif national mis en place par l’État pour soutenir les familles dans l’inscription des jeunes dans les clubs sportifs. 1,3 million de jeunes auraient bénéficié de cette aide financière depuis sa création.
Même si son impact semble à priori positif (pour les familles plus que pour les finances publiques !), les chiffres globaux des adhésions sportives en France montrent que le dispositif n’a pas permis, jusqu'ici, de retrouver les niveaux d’avant la pandémie. La baisse générale des licences sportives en France reste préoccupante, même après l’introduction et malgré le maintien de cette aide.

Un soutien bienvenu pour les familles

Depuis son lancement, le Pass Sport a permis à de nombreux jeunes, souvent issus de familles modestes, de s'inscrire plus facilement aux clubs sportifs. L’objectif de cette aide de 50€ était de participer à une partie des frais d’inscription, afin de démocratiser l’accès aux pratiques sportives. Cependant, il est important de préciser que si 1,3 million de jeunes ont bénéficié de cette aide depuis son lancement, cela ne signifie pas une augmentation équivalente du nombre total de licenciés​.

Les conditions d’éligibilité et un processus simplifié

Le Pass Sport est accessible aux jeunes de 6 à 30 ans dont les familles perçoivent certaines aides comme l’allocation de rentrée scolaire (ARS) ou l’allocation d’adulte handicapé (AAH).

Le Pass'Sport s'adresse aux jeunes : 

Vous pouvez tester votre éligibilité ici : https://www.pass.sports.gouv.fr/v2/test-eligibilite

Le dispositif est simple à utiliser : les familles reçoivent un code unique par SMS ou mail, qu'elles peuvent présenter lors de l'inscription dans l'un des 85 000 clubs partenaires en France​.

Ce processus allégé a facilité l’accès à l’aide, en s'affranchissant pour une fois des lourdeurs administratives habituelles sur ce type de dispositif. Le Pass Sport est valide du 1er juin au 31 décembre 2024, et s’adresse donc aux familles les plus modestes (selon la définion de l'Etat) et vise à réduire les inégalités d’accès au sport pour les jeunes​.

Des licences toujours en baisse par rapport à l'avant-pandémie

Avant la crise du COVID, environ 10 millions de licences sportives étaient distribuées en France chaque année. En 2022, ce chiffre est tombé à 8,8 millions, et malgré ce dispositif, le secteur sportif n’a pas encore retrouvé son dynamisme d’avant crise​. Le Pass Sport a peut-être permis de limiter la casse et de soutenir les clubs, mais il n’a pas suffi à restaurer complètement les niveaux d'adhésions.
En ce qui concerne précisément le football, par exemple, la Fédération Française de Football (FFF) a enregistré un record d'adhésions pour la saison 2023-2024, avec 2,3 millions de licences, soit une augmentation de 8,7 % par rapport à la saison précédente​. Mais malgré cette performance exceptionnelle, d’autres disciplines sportives continuent de souffrir d’une baisse de fréquentation.

Une reprise lente et partielle

Même avec l’introduction du Pass Sport, la reprise est partielle. Les clubs, notamment ceux en zones rurales ou moins bien financés, peinent encore à se remettre sur pied.
La période de la pandémie a affecté non seulement les adhésions, mais aussi l’organisation et les finances de nombreuses structures sportives, dont certaines ont dû fermer leurs portes​.

L'État n'a pas encouragé la pratique sportive pendant la pandémie

Pendant la pandémie, l'État a mis en place des mesures strictes visant à limiter la propagation du virus, ce qui a conduit à la suspension des activités sportives, y compris en plein air. Ces restrictions étaient principalement motivées par des craintes de formation de clusters, même si les risques de transmission en extérieur restent considérés comme largement plus faibles que dans des environnements fermés.
Cette interruption des activités sportives a entraîné une perte d’accès au sport pour de nombreux jeunes.
Si l’efficacité réelle de ces mesures dans le cadre des activités de plein air reste un sujet de débat et n’a toujours pas été clairement établie quelques années plus tard, les dégâts hérités de cette période ne laissent en revanche aucun doute : la sédentarité et le manque de pratique sportive chez les jeunes restent un problème majeur.
L’arrêt prolongé des activités sportives a eu des conséquences sur la santé physique et mentale de nombreux jeunes, et l'effort pour inverser cette tendance est désormais considérable.

Une répercussion du Pass Sport sur les licences ?

Le Pass Sport n’a pas directement provoqué de hausse des prix des licences de football. Toutefois, les clubs, déjà fragilisés par la crise, ont dû augmenter leurs tarifs de manière modérée pour faire face à l’augmentation de leurs charges (entretien des infrastructures, coûts sanitaires) après la réouverture. Si le parallèle avec les APL, qui ont conduit à un effet pervers, à savoir une hausse des loyers, peut sembler pertinent, aucun élément concret à date n’indique que le Pass Sport a eu le même effet sur les prix des licences.

Perspectives d’évolution : peu d’expansion en vue

Bien que le Pass Sport ait contribué à une relance des inscriptions, l’État semble limité dans sa capacité à élargir ou renforcer le dispositif. Avec des finances publiques sous pression, il est peu probable que cette aide soit augmentée ou étendue à d’autres catégories dans les années à venir.
Le gouvernement cherche cependant à maintenir cet outil, mais des ajustements importants paraissent peu réalistes dans un contexte budgétaire tendu.

Le Pass Sport apparaît comme une tentative bienvenue de l'État pour compenser les conséquences négatives de la gestion de la pandémie sur la pratique sportive, en particulier chez les jeunes. Cependant, malgré ses efforts pour alléger les frais d’inscription et relancer les adhésions, ce dispositif n'a pas permis de retrouver les niveaux d'avant-crise. Les fermetures de clubs, la baisse des adhésions et la sédentarité accrue chez les jeunes montrent que le Pass Sport, bien qu'utile, ne parvient pas à colmater complètement les failles laissées par les restrictions sanitaires imposées durant la pandémie. Il faudra probablement des mesures plus larges et soutenues ainsi qu'une meilleure pédagogie pour remettre sur pied durablement le secteur sportif en France.