Saison 2024 / 2025 en France : DAZN et beIN Sports sur une corde au dessus du gouffre de l'IPTV

La saison 2024-2025 s'annonce explosive, non seulement en raison des performances espérées (et attendues ?) sur le terrain, malgré un mercato encore en cours qui manque quelque peu de panache, mais aussi à cause des lourds enjeux financiers et économiques concernant la diffusion des matchs. C'est le feuilleton de l'été : avec les récentes acquisitions des droits TV par DAZN et beIN Sports, les passionnés de football se trouvent face à une multiplication d'abonnements coûteux pour suivre tous les matchs. Cette situation (inconséquente ?) soulève des questions sur l'accessibilité du sport pour les téléspectateurs, et pourrait bien contribuer à une explosion sans précédent de l'utilisation des services IPTV illégaux.

Introduction à l'IPTV

L'Internet Protocol Television (IPTV) est une technologie - pas si récente mais comme jamais d'actualité - qui permet de diffuser des programmes télévisés via les réseaux Internet.
Contrairement aux modes de diffusion bien connus et plus traditionnels comme le câble ou le satellite, l'IPTV utilise le protocole Internet pour transmettre le contenu directement aux téléspectateurs. Cette méthode permet une plus grande flexibilité, permettant aux utilisateurs de regarder des émissions en direct ou à la demande sur un nombre conséquent et varié d'appareils connectés, à commencer par les smartphones, tablettes, ordinateurs et téléviseurs connectés.

Les 3 qualités de l'IPTV à retenir :

  • Flexibilité : les utilisateurs peuvent accéder aux contenus à tout moment et sur n'importe quel appareil connecté à Internet.
  • Interactivité : les plateformes IPTV offrent souvent des fonctionnalités interactives, telles que la possibilité de choisir des angles de caméra différents lors d'un match de football.
  • Qualité de service : grâce à des technologies avancées de streaming, l'IPTV peut offrir une qualité d'image supérieure, y compris la diffusion en haute définition (HD) et même en Ultra Haute Définition (UHD).

Acquisition des droits TV en France par DAZN et beIN Sports

En 2024, DAZN et beIN Sports ont signé un accord avec la LFP pour diffuser les matchs de la Ligue 1 pour un montant de 500 millions d'euros par an jusqu'en 2029. Cet accord attribue à DAZN la diffusion exclusive de 8 des 9 matchs de chaque journée de championnat, tandis que beIN Sports détient les droits pour le match phare de la semaine. Ce partenariat marque un tournant majeur pour la Ligue 1, qui cherche depuis longtemps à moderniser son accès et à toucher une audience plus large grâce aux plateformes numériques. Cependant, cette collaboration s'accompagne de conditions strictes : DAZN doit attirer 1,5 million d'abonnés d'ici deux ans pour éviter une résiliation anticipée du contrat.

Multiplication des abonnements : une explosion de l'IPTV en vue ?

L'arrivée de DAZN et beIN Sports s'ajoute à une offre déjà fragmentée depuis plusieurs années avec des acteurs comme Canal+, Amazon Prime, et d'autres services de streaming. Cette fragmentation des abonnements pose un problème majeur pour les consommateurs, qui doivent s'abonner à plusieurs services pour suivre l'intégralité de la Ligue 1, et les coûts grimpe encore pour suivre à la fois la Ligue 1, la Ligue des Champions et d'autres compétitions internationales.
A date, DAZN propose deux formules d'abonnement pour ses utilisateurs. L'offre "Super Sports" à 14,99 € par mois permet de suivre une rencontre de Ligue 1 McDonald's par week-end, la Betclic Elite de basket, et les combats de MMA de la PFL. Pour profiter des huit rencontres de Ligue 1 diffusées par DAZN chaque week-end, il faut souscrire à la formule "Unlimited" à 29,99 € par mois. Cette formule inclut également la Betclic Elite, les combats de MMA, et la Champions League féminine​.
BeIN Sports maintient pour l'heure 😅 son tarif à 15 euros par mois​.
Canal+ n'a pas encore communiqué sur ses offres de rentrée, notamment son pack Sport qui pourrait packager avantageusement les offres de DAZN (peu probable) et beIN Sports (plus probable). Ce qui est certain est que cette multiplication des coûts rend très difficile l'accès aux matchs pour la plupart des amateurs de foot, qui pourraient avoir la tentation de se tourner vers des services IPTV illégaux proposant les mêmes contenus au même endroit et à des prix beaucoup plus bas. La complexité déraisonnable et le coût stratosphérique des abonnements cumulés créent une opportunité inédite pour les services non autorisés.

Lutte contre l'IPTV illégale

Les efforts pour contrer l'IPTV illégale sont naturellement en cours étant donné l'ampleur du problème et le risque de naufrage dans lequel le football français semble avoir décider de se mettre.

DAZN a pris ses responsabilités en Italie en collaborant avec les autorités pour identifier et fermer des services illégaux.
En mai 2023, Europol a soutenu le Service d'Information et d'Investigation Fiscale (FIOD) néerlandais pour démanteler un service IPTV illégal majeur desservant plus d'un million d'utilisateurs à travers l'Europe.

En 2021, près de 17,1 millions de personnes en Europe et au Royaume-Uni utilisaient des services IPTV illicites, générant environ 1,06 milliard d'euros de revenus illégaux. En France, les revenus générés par ces services illégaux sont déjà parmi les plus élevés d'Europe...

L'acquisition des droits de la Ligue 1 par DAZN et beIN Sports constitue un tournant majeur dans la diffusion sportive en France. Il va sans dire que l'industrie doit de toute urgence trouver un équilibre entre innovation, accessibilité et protection des droits de diffusion pour assurer un avenir durable au sport télévisé et au football français. La fragmentation actuelle des abonnements et les coûts élevés posent dès à présent un défi important, poussant certains consommateurs vers des solutions illégales. Pour maintenir un écosystème de diffusion légitime et durable, les acteurs de l'industrie doivent s'adapter rapidement, en prenant le recul nécessaire afin de répondre aux attentes légitimes des passionnés de football tout en protégeant leurs revenus et leurs contenus.