Du loisir au haut niveau : la montée en puissance du foot à 5
Le foot à 5, souvent désigné sous le nom de « five », s’est imposé comme une alternative séduisante au football traditionnel à 11.
Né au carrefour du loisir et de la performance, ce format réduit séduit par sa dimension technique, rapide et spectaculaire. En France, la discipline connaît une croissance exponentielle depuis deux décennies. Selon une étude de la Fédération Française de Football (FFF), près de 4 millions de Français ont joué dans un centre de foot à 5 au cours des douze derniers mois. On compte aujourd’hui plus de 800 terrains et 200 centres privés, un chiffre en constante augmentation, avec un objectif affiché de 1 000 terrains d’ici 2025 et 1 200 en 2026.
Accessibilité, intensité, atmosphère conviviale : les atouts du foot à 5 sont nombreux. Mais son développement ne repose pas seulement sur l’engouement populaire. La FFF et l’Association Nationale du Foot à 5 (ANF5) ont mis en place une stratégie ambitieuse pour structurer durablement cette pratique et la rendre accessible sur l’ensemble du territoire.
Une croissance incessante depuis 20 ans
Origines et essor des premiers centres
L’émergence du foot à 5 en France remonte au début des années 2000, dans la lignée du développement du futsal.
Plusieurs entrepreneurs flairent alors le potentiel d’un football plus rapide, plus fun et praticable sans contrainte météo. Des structures pionnières comme UrbanFootball, Le Five ou Soccer Park ouvrent les premiers centres indoor. Le succès est immédiat, notamment auprès des jeunes actifs urbains.
Au fil des années, les acteurs du secteur consolident leurs positions. En 2016, UrbanSoccer (issu de la fusion d’UrbanFootball et Soccer Park) s’associe au groupe Le Five pour créer une Master League commune et harmoniser les formats. Cette dynamique favorise l’homogénéisation des règles, la montée en gamme des infrastructures et la professionnalisation des services proposés (restauration, vestiaires connectés, animations, etc.).
Données-clés de 2024
Le baromètre 2024 du foot à 5 en France est révélateur :
- 3,9 millions de pratiquants dont 1,5 million réguliers (au moins une fois par semaine).
- Environ 800 terrains accessibles dans plus de 200 centres privés.
- 150 millions d’euros de chiffre d’affaires généré annuellement.
- Près de 1 500 emplois directs dans le secteur.
Cette croissance repose sur un modèle économique attractif : faible besoin d’espace comparé au foot à 11, rentabilité élevée pour les exploitants, et consommation de service (réservation en ligne, matchs courts, ambiance ludique). Le five devient aussi un outil de cohésion sociale, qui mêle mixité générationnelle et diversité sociale.
Un pilier fédéral renforcé
Délégation officielle et convention FFF–ANF5
Longtemps dominé par des structures privées, le foot à 5 entre depuis 2022 dans une phase de structuration institutionnelle.
Cette année-là, la Fédération Française de Football obtient officiellement la délégation du ministère des Sports pour encadrer la discipline jusqu’à fin 2025. Cette reconnaissance marque un tournant, confirmant le five comme une composante à part entière du paysage footballistique français.
Dans cette dynamique, la FFF a renouvelé en mars 2024 sa convention avec l’Association Nationale de Foot à 5 (ANF5), créée en 2023 pour représenter les intérêts des exploitants de centres privés et des pratiquants . Cette collaboration est bâtie autour de quatre axes :
- Développement pour tous
- Offre ludique
- Animation fédérale
- Reconnaissance de la pratique
Une coopération stratégique
L’objectif est clair : construire des ponts entre la pratique loisir et la pratique fédérale. La convention permet notamment :
- la mise en place d’offres privilégiées pour les licenciés FFF dans les centres partenaires (réductions, événements) ;
- l’organisation d’animations thématiques : anniversaires « Équipe de France », journées d’initiation, événements pour publics prioritaires (personnes en situation de handicap, seniors, femmes) ;
- le déploiement d’activités coordonnées dans les clubs affiliés, notamment dans les zones rurales ou moins denses où les centres privés sont absents .
Cette reconnaissance mutuelle entre les mondes fédéral et privé constitue une avancée majeure. Elle ancre le foot à 5 comme une pratique complémentaire au football en club, mais aussi porte d’entrée vers la compétition encadrée.
Un soutien financier et infrastructurel massif
Le plan « 5 000 terrains – génération 2024 »
Pour accompagner l’essor du foot à 5 et du futsal, la FFF s’est engagée dans un plan d’envergure baptisé « 5 000 terrains – génération 2024 », lancé en partenariat avec l’Agence Nationale du Sport (ANS). Ce programme vise à doter massivement les territoires en terrains de proximité, qu’ils soient indoor ou outdoor.
Depuis 2022, 200 terrains de foot à 5 et de futsal ont été cofinancés grâce à ce dispositif. Les aides peuvent atteindre jusqu’à 50 000 € par terrain, soit en moyenne 61 % du montant subventionnable. Le financement est réparti entre la FFF (5,5 M €) et l’ANS (9,8 M €), et illustre la forte mobilisation des pouvoirs publics.
L’objectif est ambitieux : 200 terrains supplémentaires d’ici 2026, pour atteindre un maillage cohérent sur l’ensemble du territoire, notamment dans les zones rurales et périurbaines encore peu équipées.
Un réseau mixte public-privé
Les établissements privés représentent environ 90% de l’offre actuelle en foot à 5. La FFF souhaite désormais intégrer ces acteurs dans une stratégie globale de développement, en complément des infrastructures publiques. Cette complémentarité permet d’élargir l’accès à la pratique, de proposer des formats variés (loisir, compétition, événements) et de couvrir des zones jusque-là délaissées.
La collaboration avec 31 entreprises partenaires permet également d’optimiser les investissements, d’accompagner les collectivités dans leurs projets, et d’assurer une qualité d’équipement et de gestion conforme aux standards fédéraux.
Un phénomène social et économique
Une pratique inclusive et évolutive
Le succès du foot à 5 repose en grande partie sur sa capacité à s’adapter aux nouvelles attentes des pratiquants. Format court, engagement physique maîtrisé, convivialité : le five s’inscrit dans un mode de vie urbain, mobile et flexible.
Il attire principalement des jeunes adultes : 50% des pratiquants ont entre 18 et 34 ans, et la très grande majorité sont des hommes (94%). Toutefois, la féminisation progresse : les femmes représentent désormais 17% des nouveaux pratiquants, une tendance encourageante que la FFF cherche à accentuer.
Le five séduit aussi par son accessibilité intergénérationnelle : parents, enfants, seniors peuvent partager un même terrain, sans pression compétitive. Cette souplesse contribue à en faire un vecteur de lien social, aussi bien dans les métropoles que dans les villes moyennes ou les territoires ruraux.
Un moteur économique en pleine expansion
Le développement du foot à 5 génère également des retombées économiques significatives. Le secteur pèse environ 150 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel et emploie 1 500 personnes en France.
Au-delà de l’exploitation des terrains, les centres proposent des services complémentaires : restauration, bar, location de salles, événements d’entreprise, créant un véritable écosystème local dynamique.
Certaines structures investissent aussi dans la technologie et la data pour enrichir l’expérience utilisateur : caméras intelligentes, applications de suivi de performance, plateformes de réservation et de gestion de statistiques personnelles. Ces innovations attirent un public jeune et technophile, ce qui renforce encore l’attractivité du five.
Vers une structuration durable
Un modèle en transition
L’un des défis majeurs pour les années à venir consiste à structurer durablement le foot à 5 afin de passer du loisir spontané à une pratique encadrée, voire compétitive.
À l’instar du futsal, le five peut devenir un outil pédagogique et formateur, notamment dans les catégories jeunes : plus de ballons joués, transitions rapides, gestion des espaces réduits... Autant de compétences transposables au football à 11.
La FFF travaille avec les districts et ligues régionales pour développer une offre de compétitions et d’événements officiels, à l’image du Critérium National Foot5 organisé à Clairefontaine. Objectif à moyen terme : intégrer le foot à 5 dans le parcours classique du joueur, notamment via les clubs, tout en conservant l’ADN ludique qui fait son succès.
... avec quelques défis à relever !
Malgré cet essor, plusieurs chantiers restent ouverts :
- Améliorer la mixité, encore limitée, en particulier dans les zones rurales ;
- Renforcer la coopération entre public et privé, pour éviter une fracture territoriale d’accès à la pratique ;
- Structurer une offre jeunesse, avec des tournois, stages et passerelles vers les centres de formation.
Le développement du foot à 5 en France illustre une mutation profonde de la pratique sportive. Technique, rapide, accessible, intergénérationnel, le five répond à une demande croissante de sport-plaisir, sans mettre de côté les exigences de formation et de structuration.
Grâce à l’investissement de la FFF, de l’ANF5 et des exploitants privés, le football à 5 s’impose comme un outil de démocratisation du football, un levier économique territorial, et un formidable laboratoire d’innovations pour le football de demain.