La France peut-elle gagner la Ligue des Nations ?

Qualifiée pour les demi-finales de la Ligue des Nations 2024-2025 après un scénario haletant face à la Croatie, l’équipe de France s’apprête à défier l’Espagne le 5 juin à Stuttgart. Un rendez-vous de haut niveau, contre l’équipe championne d’Europe en titre, qui soulève une question brûlante : les Bleus ont-ils réellement les moyens de remporter le tournoi ?
Si la France ne figure pas parmi les grandes favorites selon les prédictions — devancée par l’Espagne et l’Allemagne dans les cotes et les analyses statistiques — elle possède des arguments solides. Expérience, profondeur de banc, individualités talentueuses... mais aussi des failles préoccupantes : stérilité offensive, manque de plan B, difficultés physiques.
Tour d’horizon des forces et faiblesses d’une équipe encore en construction, capable du meilleur comme du pire à l’approche du sprint final.

Un parcours en dents de scie, mais un ticket mérité pour le Final Four

Une qualification arrachée dans la douleur

L’équipe de France a dû batailler pour atteindre le dernier carré de la Ligue des Nations. Opposés à la Croatie en quart de finale, les Bleus avaient perdu 2-0 à l’aller, suscitant doutes et critiques. Mais au retour, ils ont renversé la tendance dans un match tendu : victoire 2-0 à domicile, grâce notamment à un but de Michael Olise et une égalisation signée Ousmane Dembélé.

La séance de tirs au but a vu Mike Maignan s’illustrer avec deux arrêts décisifs, envoyant la France en demi-finale. Ce sursaut d’orgueil, porté par une force mentale indéniable, a montré que malgré leurs lacunes, les hommes de Didier Deschamps savent encore répondre présents dans les moments clés.

Une adversité redoutable dans le dernier carré

Le Final Four 2024-2025 s’annonce particulièrement relevé.
L’Espagne, adversaire des Bleus en demi-finale, arrive en position de force : championne d’Europe en titre, solide leader du classement FIFA, et grand favoris des meilleures cotes sur la Ligue des nations avec 38% de chances de victoire.

De son côté, l’Allemagne, pays hôte, monte en puissance avec un effectif équilibré et une dynamique encourageante. Le Portugal, souvent imprévisible mais doté d’armes offensives redoutables, complète le tableau.

Avec seulement 18% de chances de remporter la compétition selon une IA spécialisée, la France aborde cette phase finale dans la peau d’un outsider. Mais un outsider dangereux.

Pour mieux appréhender les tendances et les confrontations à venir, prenez connaissance des matchs de la Ligue des Nations sur Sportytrader.

Profondeur, talent et mental

Une équipe habituée aux grands rendez-vous

Depuis l’arrivée de Didier Deschamps à la tête des Bleus, l’équipe de France s’est installée durablement parmi les meilleures nations mondiales. Finaliste de l’Euro 2016, championne du monde en 2018, finaliste de la Coupe du monde 2022 et vainqueur de la Ligue des Nations en 2021, la génération actuelle possède une expérience des grands tournois que peu de sélections peuvent revendiquer.

Cette familiarité avec les phases finales peut peser lourd lorsque la pression monte. Les automatismes, la gestion émotionnelle et la capacité à rester lucide dans les moments clés sont autant d’éléments qui jouent souvent en faveur des équipes expérimentées.

Des individualités capables de faire la différence

Si l’équipe connaît parfois des errances collectives, elle reste portée par des talents capables d’inverser le cours d’un match.
Kylian Mbappé, malgré des performances en dents de scie, reste l’arme offensive numéro un, capable d'amener un but à lui seul. Michael Olise, encore jeune sur la scène internationale, s’est illustré par son sang-froid et sa capacité à prendre des responsabilités.

Ousmane Dembélé, en grande forme, a retrouvé de la constance dans ses dribbles et ses décisions. Et Mike Maignan, en gardien de classe mondiale, offre des garanties précieuses dans les matchs couperets.

Une profondeur d’effectif unique

La richesse du banc français est l’un des atouts majeurs de cette campagne. Lors du match retour contre la Croatie, les entrées en jeu de Zaïre-Emery, Camavinga ou encore Kolo Muani ont permis à l’équipe de maintenir une intensité élevée et de proposer des solutions tactiques variées.

Didier Deschamps dispose d’un vivier exceptionnel, capable de répondre aux exigences du très haut niveau. En cas de blessure ou de méforme, des remplaçants compétitifs peuvent immédiatement s’imposer sur le terrain.

Des failles encore inquiétantes à ce niveau de compétition

Stérilité offensive persistante

Malgré une ligne d’attaque riche en talents, les Bleus peinent à concrétiser leurs occasions face aux grandes nations. Depuis mars 2024, ils n’ont inscrit que 10 buts en 10 rencontres face à des équipes du top 15 mondial. Ce déficit de réalisme s’est cruellement manifesté lors du match aller contre la Croatie, avec un jeu stérile et sans relief.

Ce manque d’efficacité offensive n’est pas qu’un problème de finition : il traduit aussi un déficit dans la création d’occasions nettes.

Difficultés tactiques récurrentes

Didier Deschamps est souvent critiqué pour son conservatisme tactique. Le système mis en place lors des derniers matchs, notamment l’utilisation de Dembélé dans une position axiale derrière les attaquants, n’a pas porté ses fruits. L’équipe semble manquer de lisibilité dans son animation offensive et d’adaptabilité face à l’adversaire.

Les Bleus peinent également à identifier des circuits de passes fluides dans le dernier tiers du terrain, laissant souvent Mbappé trop isolé ou contraint à des exploits individuels.

Manque de créativité et de fraîcheur physique

L’équipe de France affiche parfois une certaine apathie, surtout face à des blocs bas bien organisés. Didier Six, ancien international, soulignait récemment que “le ballon n’arrive pas assez vite dans les 20 derniers mètres”, en pointant un manque de dynamisme et de prise d’initiative.

À cela s’ajoute un déficit physique global, relevé par Deschamps lui-même : absence d’impact, baisse d’intensité dans les duels... Ces faiblesses peuvent être rédhibitoires à ce stade de la compétition, où l’exigence athlétique est maximale.

Le facteur X : Deschamps peut-il réinventer son équipe à temps ?

Les critiques récurrentes sur ses choix

Didier Deschamps reste une figure respectée du football français, mais ses décisions récentes alimentent les débats. Son insistance à maintenir certains schémas tactiques, malgré leur inefficacité, interroge. Le positionnement d’Ousmane Dembélé derrière les attaquants, par exemple, a montré ses limites, sans qu’un véritable ajustement ne soit tenté.

Sa capacité historique à galvaniser son groupe

Pourtant, Deschamps a souvent démontré sa capacité à retourner des situations mal engagées. Son palmarès parle pour lui : il sait préparer ses équipes pour les grands rendez-vous, et gérer la pression des phases finales comme peu d’entraîneurs internationaux.

Son management humain, basé sur la confiance et la cohésion du groupe, pourrait être l’une des clés pour relancer une dynamique positive à l’approche de la demi-finale face à l’Espagne. Mais cette fois, il lui faudra aussi faire preuve d’audace tactique — une qualité qu’on lui attribue rarement.

L’équipe de France aborde la phase finale de la Ligue des Nations 2024-2025 avec une identité floue, tiraillée entre son passé glorieux et ses incertitudes présentes. Dotée d’un effectif riche et expérimenté, elle peut clairement rivaliser avec n’importe quelle nation sur un match. Mais ses lacunes offensives, son irrégularité tactique et son manque de créativité posent question à l’approche des demi-finales.
Face à l’Espagne, l’un des collectifs les plus solides du moment, les Bleus devront se réinventer pour espérer atteindre la finale. Un exploit n’est pas à exclure, d’autant que l’histoire récente a souvent prouvé leur capacité à surprendre lorsqu’ils sont sous-estimés.
Reste à savoir si Didier Deschamps parviendra à trouver l’équilibre entre pragmatisme et innovation. Car pour espérer remporter un deuxième trophée en Ligue des Nations, la France devra puiser dans toutes ses ressources — techniques, mentales et tactiques. L’enjeu est immense, et le défi à la hauteur de son statut.