Stars du football ou marionnettes familiales ?

En 2022, le feuilleton du transfert de Kylian Mbappé a captivé le monde du football : rester au Paris Saint-Germain ou rejoindre le Real Madrid ? Dans les coulisses, sa mère, Fayza Lamari, jouait un rôle clé dans les négociations, allant jusqu’à déclarer dans une interview : "Si on avait pu prendre 10 milliards, on les aurait pris, car c’est le système qui veut ça.".
Cette phrase, aussi pragmatique qu’audacieuse, reflète l’implication totale de certaines familles dans les carrières de leurs enfants.
Mais toutes les histoires ne sont pas aussi calculées.
Paul Pogba, lui, a vu son frère Mathias impliqué dans une affaire de racket qui a choqué le monde du sport, tandis que Véronique Rabiot, mère d’Adrien, n’hésite pas à confronter entraîneurs et dirigeants, au risque de nuire à l’image de son fils.
Qu’il s’agisse de négociations habiles ou de débordements, ces "clans" familiaux redéfinissent le rôle des proches dans le football, pour le meilleur… ou pour le pire.

La famille : premier entraîneur, premier manager

Pour de nombreux footballeurs, la réussite commence avec le soutien de leur famille.

Les Mbappé, par exemple, ont tout misé sur le talent de Kylian.
Fayza Lamari, ancienne handballeuse professionnelle, et Wilfried Mbappé, coachà l'AS Bondy, ont encadré le développement sportif et personnel de Kylian dès son plus jeune âge en lui permettant de gravir rapidement les échelons tout en le protégeant des distractions extérieures.

Cependant, cette implication n’est pas exempte de critiques.
Le "clan Mbappé", comme on le surnomme, a été critiqué pour sa gestion très encadrée, notamment sur les contrats publicitaires et les décisions stratégiques.
En 2022, des tensions avec le PSG ont éclaté lorsque Mbappé a été soupçonné d’exercer une influence excessive sur les choix sportifs du club, encouragé par "son entourage".

Quand le soutien vire à l'emprise...

Si les familles sont souvent des alliées précieuses, elles peuvent aussi devenir un fardeau.

Dans le cas de Paul Pogba, l’implication de son entourage a pris une tournure dramatique.
En 2022, son frère Mathias a été accusé de faire partie d’un groupe qui cherchait à extorquer des millions d’euros au joueur. Ces "amis d’enfance", autrefois proches, ont trahi la confiance du joueur, et mis en lumière comme rarement des dangers d’un entourage malveillant et toxique.

Si l'histoire de Paul Pogba illustre une dérive dramatique, celle d’Adrien Rabiot révèle une autre facette de l’influence familiale.
Véronique Rabiot, qui combine les rôles de mère et d’agent, est réputée pour son caractère inflexible.
Lors de l’Euro 2020, Véronique Rabiot a publiquement affronté les familles de Pogba et Mbappé, leur reprochant d’être responsables de l’échec des Bleus.
Une intervention qui a renforcé sa réputation de figure inflexible. Cette attitude, bien qu’animée par une volonté de défendre son fils, a souvent nui à son image et à ses relations avec les clubs.

Pourquoi certaines familles s’imposent dans le football ?

Ces dynamiques familiales s’expliquent par plusieurs facteurs :

  1. Un ascenseur social rapide : La majorité des joueurs viennent de milieux modestes, où la réussite sportive est perçue comme une opportunité de changer de vie. Cette pression collective renforce l’implication familiale dans la gestion des carrières.
  2. L’immaturité des jeunes joueurs : À 16 ou 17 ans, beaucoup de footballeurs signent des contrats avec des montants faramineux. Sans expérience, ils se tournent naturellement vers leurs proches pour les guider.
  3. Un manque de régulation : Contrairement aux agents professionnels, les membres de la famille qui gèrent les joueurs ne sont pas soumis aux mêmes normes. Cela peut conduire à des conflits ou des erreurs stratégiques.

Familles omniprésentes, équilibres fragiles !

Les exemples de Mbappé, Pogba et Rabiot montrent comment les familles peuvent devenir à la fois des soutiens et des obstacles. Si elles aident souvent les joueurs à maintenir une stabilité émotionnelle et à gérer leur carrière, elles peuvent également :

  • Créer des tensions avec les clubs : les exigences financières ou stratégiques excessives peuvent nuire aux relations professionnelles.
  • Étouffer les joueurs : un contrôle trop poussé peut empêcher les footballeurs de prendre leurs propres décisions, ce qui limite par ailleurs leur développement personnel.
  • Attirer des entourages malveillants : Comme l’a montré l’affaire Pogba, un environnement familial non maîtrisé peut devenir un terreau fertile pour les abus.

Des solutions pour jouer collectif avec les familles

Pour prévenir ces dérives, plusieurs solutions peuvent être envisagées :

  • Éduquer les familles : Certains clubs, comme l’Ajax Amsterdam, proposent des ateliers pour former les familles et mieux les intégrer aux réalités du football professionnel. Former les proches à mieux comprendre les enjeux du football professionnel peut également réduire les conflits potentiels avec les clubs.
  • Encadrer juridiquement les agents familiaux : Des règles strictes pour les agents familiaux, similaires à celles des agents professionnels certifiés, permettraient de prévenir les abus et les malentendus.
  • Offrir un accompagnement psychologique : En soutenant à la fois les joueurs et leurs familles, il est possible de désamorcer les tensions et d’éviter les comportements toxiques.

Qu’elles soient des protectrices attentionnées ou des gestionnaires maladroites, les familles restent un élément indissociable de la trajectoire d’un joueur.
Pour trouver cet équilibre entre implication et autonomie, il est crucial que clubs, joueurs et familles collaborent en harmonie.
Car au-delà du terrain, la véritable victoire réside dans la sérénité.